"J'ai pu avoir peur que ça m'éloigne de mes amis. Mais ils m'ont rassurée en me disant que ce qu'ils se racontent en ligne n'est pas important et que je suis toujours informée du principal."
"J’ai de la chance. Mon entourage accepte ma façon de vivre. Je ne suis pas certaine qu’avec dix ans de moins ça aurait été si facile. Maintenant, avoir un smartphone, c’est devenu la norme. Alors quand on grandit avec, c’est plus dur de s’en séparer et moins accepté, je pense", souligne-t-elle.
Elle a tout compris cette jeune femme (ok, jeune pour moi ;). L'importance de ne pas faire ça en solo, càd en parler aux amis et aux proches, et aussi que ces amis et proches ne soient pas trop con(ne)s et, enfin, ce que je pense être la vraie difficulté pour les plus jeunes en particulier: réaliser que pour beaucoupde monde le téléphone est un donné, une évidence, quelque chose qui va de soi comme le fait de porter des vêtements en rue. Et qu'il faut donc se préparer et s'organiser.
Contrairement au fait de s'habiller pour aller dehors, sortir sans téléphone est encore autorisé par la loi mais quand on voit à quel point c'est carrément impensable pour la majorité des plus jeunes, les mêmes qui feront les lois ou, du moins, les usages et les normes de la société de demain... On peut se demander combien de temps encore ce sera légal de sortir de chez soi sans téléphone. Idem quand on voit ll'importance pour les plus jeunes de rester joignables et connectés (y compris, surtout?, pour se dire des conneries sans intérêt), et d'utiliser les bonnes apps (puisqu'on discute à présent par apps interposées, et non plus de vive-voix). C'est quelque chose que des vieux comme moi ou même des moins vieux ne perçoivent sans doute pas, si pas l'extrême violence du moins l'énorme pression et le conformisme des usages qu'elle entraîne.
Éléna admet par ailleurs que son mode vie est désormais militant.
C'est ça que je trouve inquiétant. Cela ne devrait pas être le cas. Un téléphone est un outil, comme un marteau. Je ne suis pas militant ni quand j'utilise un marteau, ni quand je ne l'utilise pas.
Et je ne veux pas me transformer en militant, cela ne m'intéresse pas. Pourtant, je considère que je vis au quotidien sans smartphone tout en en possédant un.
Comment? Simplement, je ne l'utilise pas en dehors de ce qui me semble nécessaire (genre les apps de ma banque, des trucs de sécurité et, 'vieux' oblige, de santé et aussi, c'est vrai, Uber car si je trouve facilement des stations taxi ici à Paris, je ne trouve pas autant de stations Uber). Même le téléphone je ne l'utilise pas vraiment, sauf pour prévenir quand je suis en retard. Par contre, pas de jeux vidéos, pas d'ebooks, pas de réseaux sociaux, pas même d'email sur le téléphone. Rien. Cela veut dire que contrairement à cette jeune femme, j'ai accès à tous les services requis sans devoir me triturer la cervelle et que, comme elle, la majorité du temps je ne regarde pas mon téléphone de la journée. Pas du tout. Même pour savoir l'heure j'ai une montre (mécanique) au poignet. Le téléphone est juste là quand j'en ai besoin, comme le marteau qui est dans la boîte à outils.
J'ai bien aimé cette remarque pleine de bon sens sur l'aspect écologique. Je remplace mon téléphone quand il ne marche plus. Mon précédent iPhone je l'ai gardé 7 ans et l'ai remplacé uniquement parce que je venais de le casser (janvier 2024) et qu'il n'était plus supporté par Apple depuis presque un an (donc avec un risque accru que les rares apps dont j'ai besoin ne soient bientôt plus supportées sur son vieil OS). Du coup, il m'a semble judicieux d'en acheter un autre plus récent... qui durera aussi longtemps que possible.
Bref, je considère le smartphone une ochonnerie qui abime nos relations, réduits notre capacité à réfléchir (ça va exploser avec l'IA) tout comme nous concentrer mais je ne vois pas comment les plus jeune pourraient s'en passer si on ne leur donne pas plus d'opportunités et de moyens de ne pas en dépendre.