Poésie

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Comme le ciel pénétré
Le corps s’éveille
Son éclair

Chair ouragan
Le souffle en fuite
La carcasse ébahie
Aux yeux écartelés par le blast
L’Impuissance

On a planté ton corps du métal de la médecine
Et tes membres portent le poids massif de la béquille

La béquille ne permet pas de marcher

Elle désigne les Incapables


Luz Volckmann, dans Aller la rivière

2
 
 

Celui qui regarde la neige nouvelle
par une fenêtre de chambre
où il dort seul
celui-là reste une minute de plus
l’œil ouvert émerveillé
la neige est revenue elle a tout recouvert
le jardin la colline et même ce qui fut jadis
la maison de son père
il a appris dans l’enfance
le langage de l’hiver.

Celle qui tient dans la rue par le bras son mari
il perd l’usage de ses jambes, elles tremblent
de froid et d’une vieille maladie
il titube parce qu’il ne veut pas que sa femme
devienne son infirmière
il dit des choses tristes
et dures
que les passants appellent « des choses grossières ».

Celui et celle liés par le sang de l’enfance
ils vont ensemble chez le notaire
la maison au bout d’une impasse est presque belle
pour eux cet endroit c’est une première
on leur dit qu’à présent ils sont adultes
il faut choisir entre recevoir les responsabilités
de leurs parents
ou refuser d’être pour la banque, les voisins et les impôts
de véritables descendants
ils ne comprennent rien au langage des clercs.

Celle qui prend des médicaments pour aller travailler
celui qui prend des médicaments parce qu’il a trop travaillé
celle qui prend des médicaments parce qu’elle aimerait bien travailler
celui qui prend des médicaments parce qu’il ne sera jamais en mesure de travailler
vous n’avez que ce mot à la bouche à la jambe à la tête
mais a déjà vraiment travaillé
sur soi-même ?
Qui comprend le langage de son corps
la pensée de son ventre, les revendications de son dos
le style de son souffle et l’hémistiche de son cœur ?
Qui comprend les mots de sa poitrine,
la grammaire de son cou, les liaisons de ses épaules,
qui connaît la musique de ses mouvements
qui est capable de conjuguer le rythme de son âme
avec celui de ses diplômes ?
Je veux apprendre à ne plus apprendre comme avant.

Cécile Coulon, dans Retrouver la douceur

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J’aime l’araignée et j’aime l’ortie,
Parce qu’on les hait ;
Et que rien n’exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;

Parce qu’elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu’elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;

Parce qu’elles sont prises dans leur œuvre ;
Ô sort ! fatals nœuds !
Parce que l’ortie est une couleuvre,
L’araignée un gueux ;

Parce qu’elles ont l’ombre des abîmes,
Parce qu’on les fuit,
Parce qu’elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit.

Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal !

Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu’on oublie
De les écraser,

Pour peu qu’on leur jette un œil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !

Juillet 1842.


Dessin : Vianden à travers une toile d'araignée
Victor Hugo (1802-1885), dessinateur.
Plume, encres brune et violette et lavis, crayon de graphite, aquarelle, grattages, sur un feuillet d'album
Paris, Maison de Victor Hugo, MVHP D 0083

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je ne veux pas briser le silence
libérer la parole
pour qu'elle aille

ça ne me libère pas
chaque mot est une honte à défaire
ne veux pas
ériger des barreaux de parole
autour des autres
de ma chair à peine crue
faire la lumière pour d'autres yeux
jusqu'à ce que les miens ne sachent plus lire
la moindre
ligne
de ce qu'on aura réécrit
sur moi

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Retirez-moi tout
Retirez cette peau
Retirez cette tête
Retirez ces nerfs
Retirez ce ventre
Retirez ce sexe
Retirez ces jambes
Retirez cette poitrine
Retirez-moi tout
Faites-moi peau neuve
Faites-moi nouveau mouvement
Faites-moi nouvel étonnement
Donnez-moi l’amour des choses simples
Retirez les points d’interrogation
Retirez les points de suspension
Qui s’accrochent à mes entrailles
Retirez-moi tout
Retirez-moi cette tumeur
Retirez-moi cette pourriture
Qu’on appelle existence
Retirez-moi la possibilité de choisir
Retirez-moi tout
Retirez-moi cet esprit
Faites de moi femme neuve
Faites de moi simple réception
Faites de moi satisfaite
Faites de moi heureuse
Faites de moi jouissante
Retirez-moi l’idée
De l’idée
De l’idée
De l’idée
Retirez-moi les souvenirs
Retirez-moi la culpabilité
Étirez cette peau
Vous pouvez la vendre aux enchères
Retirez-moi les yeux pour
Que je ne me retourne pas
Retirez-moi le dos
Pour que je ne voie pas
Rapetissez cette taille
Je prends trop de place même quand je croise mes jambes
Ou quand je me plie en quatre
Donnez-moi le dynamisme et l’attention
Donnez-moi le sourire et l’inquiétude
Donnez-moi le dévouement et le silence
Arrachez mes cordes vocales
Brûlez ma respiration
Afin qu’elle soit lente et douce
Comme le murmure de l’eau sous une pleine lune
Retirez ma chair
Faites de moi invisible
Afin que je vous tue
Un par un

Joyce Rivière dans votre monde entre cendres

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submitted 2 months ago* (last edited 2 months ago) by RelativityRanger@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

Le feu réveille la forêt
Les troncs les cœurs les mains les feuilles
Le bonheur en un seul bouquet
Confus léger fondant sucré
C’est toute une forêt d’amis
Qui s’assemble aux fontaines vertes
Du bon soleil de bois flambant

Garcia Lorca a été mis à mort

Maison d’une seule parole
Et des lèvres unies pour vivre
Un tout petit enfant sans larmes
Dans ses prunelles d’eau perdue
La lumière de l’avenir
Goutte à goutte elle comble l’homme
Jusqu’aux paupières transparentes

Saint-Pol Roux a été mis à mort
Sa fille a été suppliciée

Ville glacée d’angles semblables
Où je rêve de fruits en fleur
Du ciel entier et de la terre
Comme à de vierges découvertes
Dans un jeu qui n’en finit pas
Pierres fanées murs sans écho
Je vous évite d’un sourire

Decour a été mis à mort

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submitted 2 months ago* (last edited 2 months ago) by truite@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

Lisez-vous, écoutez-vous, regardez-vous (ou encore autre chose) de la poésie? Et si oui, c'est quoi qui vous plaît, c'est quoi qui vous déplaît? Si vous en écrivez, pourquoi vous en lisez ou n'en lisez pas?

Je crois qu'éditorialement ça marche un petit mieux ces dernières années et quelques personnes ici ont discuté poésie avec moi.

Je ne définis pas, déjà parce que ça prendrait des plombes, et surtout parce que je m'en branle.

EDIT: j'ai ajouté des modes d'accueil de poésie parce que Snoopy a raison, la poésie, ça s'écoute, ça se regarde et tout de même, l'oralité est une de ses origines.

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publication croisée depuis : https://sh.itjust.works/post/44093155

La Cigale ayant vécu tout l'été sans souci,

Voyageait en avion vers Miami,

Roulait en SUV par la ville,

Consumait sans répit plastique et pétrole utile.

Elle vivait dans l'instant présent,

Ignorant superbement

Les alertes des scientifiques patients :

"Le climat se réchauffe dangereusement !"

Pendant ce temps, sa voisine la Fourmi

Travaillait jour et nuit,

Isolait sa maison avec soin,

Prenait le vélo matin et soir,

Triait ses déchets avec espoir,

Mangeait local, réduisait ses besoins.

"Pourquoi te priver ainsi ?" riait la Cigale,

"La vie est si banale

Quand on refuse de voyager !

Moi je vis sans me priver,

L'avenir ? Il faut bien en profiter !"

La Fourmi, sage et prévoyante,

Répondait d'une voix inquiétante :

"Tes excès d'aujourd'hui,

Cigale, nous coûteront demain la vie."

Mais l'autre insouciante poursuivait sa route,

Consumant sans écoute,

Multipliant les vols transatlantiques,

Les achats en plastique,

Les plaisirs énergétiques.

Quand les tempêtes furent venues,

Les canicules inattendues,

La Cigale chercha refuge

Chez la Fourmi, après le déluge.

"Ma maison s'est écroulée,

Mes biens ont été emportés,

Peux-tu m'aider, voisine ?

Car la catastrophe s'obstine."

La Fourmi, le cœur serré,

Dut alors avouer :

"Hélas ! Cigale imprudente,

Malgré ma vie si différente,

Malgré tous mes efforts constants,

Tes excès d'insouciante

M'emportent dans la tourmente.

Car nous partageons le même ciel,

La même terre, le même miel.

Ton carbone dans l'atmosphère

A réchauffé notre planète entière.

Mes économies, mes privations,

N'ont pu compenser tes émissions.

Nous voici toutes deux punies :

Toi de ton insouciance,

Moi de ton inconséquence."

Et c'est ainsi que la morale

De cette fable nous égale :

Dans un monde interconnecté,

Les excès de quelques-uns

Condamnent tous les autres, chacun.

Car le climat ne connaît frontière,

Et nos destins sur cette Terre

Sont liés pour le meilleur et le pire :

L'égoïsme de l'un fait l'autre mourir.

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Etoiles poussières de flammes
En août qui tombez sur le sol
Tout le ciel cette nuit proclame
L’hécatombe des rossignols
Mais que sait l’univers du drame ?


Extrait du recueil Les Poètes de Louis Aragon

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parfois on m’éjecte
de l’instant
ce sont les mots des autres
qui ont ce pouvoir-là
celui de me sortir
des gonds du présent
de m’encoquiller
le pouvoir de
me faire me cacher
sous un parterre de euh

je cherche à me relier j’ai les mots
et un corps

ce qui peut faire sens

Miel Pagès, dans Les sublimations

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Rita (jlai.lu)
submitted 3 months ago* (last edited 3 months ago) by ortaviz@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

Empilé sur les voisins
j'ai plein de superstitions,
serrure trois points

Heureux les poumons
gonflés, remplis,
jusqu'au bas ventre

Le monde est couvert
de bac acier
Pour me déporter
d'entre les murs
je ferais n'importe quoi

même prier
25 fois
Rita de l'impossible.

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aux portes des filles elle ne sait pas
  quoi faire
peut-il être trop tard
  pour aimer
  qui
  elle aime
peut-elle juste partir alors qu'elle aime encore
celui qui l'aime aussi
aussi mal le fasse-t-il
aussi mal lui fasse-t-il en n'étant que
celui
  peut-elle s'être trompée
  autant
  et ne jamais avoir
  menti

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submitted 4 months ago* (last edited 4 months ago) by truite@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

Je célèbre l’armoise,
le chêne de broussailles, le pin gris, le genièvre,
les méprisés, les réprouvés,
acceptés de mauvais gré
car rien d’autre ne pousse ici.

Ils sont ceux qui ne lâchent rien,
ils n’ornent pas nos jardins,
ne seront ni meubles ni repas,
combustibles avec parcimonie
car rien d’autre ne pousse ici.

À eux l’austère hardiesse
de pousser sur la serpentine et le gravier,
nulle eau que celle qu’on vole
à celui d’à côté si bien
que rien d’autre ne pousse ici.

Je célèbre la tige noueuse et cassante,
l’âcre feuillage gris-vert et l’aiguille écailleuse
le cône empesé, la baie amère, le bourgeon minuscule,
et l’odeur grandiose et rance de l’urine de chat
puisque que rien d’autre ne pousse ici.

Citoyens d’une terre rude, toxique même,
asociaux, indociles et opiniâtres ;
ils ne partagent pas mais habillent malgré tout
de vie un sol nu et pauvre,
en poussant où rien d’autre ne pousse, ici.

Ursula K. Le Guin dans Derniers poèmes ("En fin de journée (2010-2014)"), traduit par Aurélie Thiria-Meulemans

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Compresses (jlai.lu)
submitted 4 months ago* (last edited 4 months ago) by ortaviz@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

Parler de soi
est l'occupation,
dans l'économie de
la réputation
où les tons des palettes
superposent en compresses
Des litres de grumeaux
sous des tonnes de tendresse

Souvent je me demande
que faut-il faire
pour retrouver au corps
le goût profond
tenace
des souvenirs,
arrière-goût
qui ne s'efface,
baiser soyeux gravé dans la mousse de

mes entrailles.

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submitted 4 months ago* (last edited 4 months ago) by truite@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

ici tout s’effondre la vie déserte dit-on
c’est faux c’est seulement
le vide humain
les toits qui s’ouvrent aux pluies les planchers aux herbes
tout sauf un désert
seul grain de sable:
la grappe de vieux touristes qui s’entrappellent les jeunes
et tu souris
demain
ils seront chair à asticots compost cendres
les jeunes
toi qui es vieille depuis l’enfance
tu le seras aussi
et chez toi qui n’est plus chez toi
qui est chez eux
vermoulura de même

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Qui
nous remerciera
nous
peuple de parias
d'avoir tu nos peines
et dans un coffre d'aéroport
plié nos langues exubérantes
l'adresse d'un cimetière
pour le voyage du retour

Qui

_

Souad Labbize, dans Je franchis les barbelés

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submitted 4 months ago* (last edited 4 months ago) by truite@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

le texte aborde les violences conjugales de manière claire mais sans descriptions détaillées ni voyeurisme

Pour certains c'est la colombe blanche
La liberté
Pour moi c'est Rouge Pute
Ma liberté
Du rouge à lèvre, du rouge voyant, du rouge-tu-me-vois ?
Du rouge-c'est-moi

Putain cognait-il si je mettais du rouge
Elle déclenche la violence la féminité
Les insultes l'interrogatoire les brutalités
Rouge sang

Dans ma nouvelle collection je choisis un tube
Rouge Pute
Je dessine mes lèvres, dessine ma vie
Visible
Vivante
Rouge vif

Perrine Le Querrec, dans Rouge Pute

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Nous sommes les toutes petites rétines
à trames
sur lesquelles dessinent à peine
laché⋅es dans les rues
pour récolter
expédition
dans le carnet
– Sushi Tacos –
La rue c'est celle qui porte.
Où les pensées accrochent
minuscules cadences,
qu'on déplace,
et qu'on inscrit
– Easy Vape, Maxi Bazar –
des mots
par huitaines
saisir l'essence commando
à découvert
les méthodes incertaines,
deux pieds sur le clos Terre.

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bonne (jlai.lu)
submitted 4 months ago by truite@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

l'avenir à 15 ans s'écrit loin des lycées
parce qu'on est bonne à rien parce qu'on est bonne
qu'à ça
avec nos jupes trop courtes nos bottes trop hautes
nos résilles trop trouées nos cils trop longs
un tas de trucs en trop
un tas de trucs en trop qui se battent dans la tête pendant qu'on ne fait rien
qu'attendre que ça passe
un tas de truc en creux qu'on cache entre les os quand il ne reste que ça
mais que ça c'est à nous
on attend que ça passe
parce que tout passe
les lèvres bleues
les yeux cernés de noir pensées cernées de psy qui ne voient que les os
et pas ce qu'il y a entre
parce que ça c'est à nous

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submitted 5 months ago* (last edited 5 months ago) by truite@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

On n'a pas su pour le langage
on n'a pas su.

Les phrases nous coupent
la langue
parler nous brûle
sur les lèvres.
On n'a pas su admettre
que c'est lui qui nous tient

nous longe le corps
nous roule
nous pénètre.
On n'a pas su
en accueillir la chair
et le laisse un peu
en faire la peau:
du cœur.

Extrait de "Mon corps est un texte impossible".

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Entre (jlai.lu)
submitted 5 months ago by ortaviz@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

C'est être debout entre deux portes.

arrière couloir tamisé
le costume noir chemise blanche
pas gris, ni beige, ni bleu foncé
Noir textile est la couleur du service serviteur
des contrats de travail un jour ou deux renouvelés

Au fond d'un couloir vide
j'ai déplacé une chaise
et attendu entre deux horaires,
dans la lumière interstice
ma chemise blanche aux boutons nacrés
que quelque chose perce en silence.

Nouvelle place, nouveaux vêtements
si tu fais ça chez toi
une chaise entre deux portes
Le monde n'a jamais été regardé de cette manière.

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submitted 5 months ago* (last edited 5 months ago) by RelativityRanger@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

Dans les ruelles aux pavés rouges,
Où la sueur bâtit les matins,
Un cri s’élève, fort et farouche:
« À nous le pain, à nous demain ! »

Pas de trône au sommet des rêves,
Pas de prisons sous les drapeaux,
Juste des mains qui se relèvent,
Pour bâtir loin du vieux fardeau.

Et s’ils veulent qu’on reste dociles, seuls,
Farcis d’angoisses sous oppression,
Qu'ils sachent que même dans le linceul,
Nique le néant, persiste la subversion.

Quand l’avenir se fait poison,
Que chaque heure meurt sans témoin,
Partout résonnent les cris de rébellion,
L’insurrection y bat sans fin.

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Sans titre (jlai.lu)
submitted 5 months ago* (last edited 5 months ago) by ortaviz@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

Les souvenirs ont la couleur de nos yeux,
l’épaisseur des carreaux
Dans la forêt à 5 du mat’
des glapissements, des pleurs
(Nom) veut des résultats,
offre d’emploi raisonnable
entrepreneur de soi entrepreneur de soi
tu as cinq minutes pour convaincre,
sans pleurs.

La forêt est le contraire de la ville
Dans l’immeuble jaune, on fabriquait des abat-jours avec les sachets en papier kraft des commissions,
on disait la pauvreté est un jeu d’ingéniosité
la nuit on partait visiter des maisons vides.

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submitted 5 months ago* (last edited 5 months ago) by truite@jlai.lu to c/poesie@jlai.lu
 
 

t'es dégueulasse t'es stupide tu sers à rien tous les matins t'as pas envie de te réveiller
mais tout ce qui compte c'est de savoir si t'entends des voix
t'entends le vent t'entends les chats t'entends même l'électricité qui court dans les murs dans tes mains
t'entends les appareils chanter t'entends les voitures dans la rue t'entends les voisins qui s'engueulent
t'entends la musique qu'existe pas
t'entends ton cœur t'entends tes os qui grincent avec le brouillard tombé sur la loire
mais tout ce qui compte c'est de savoir si t'entends des putain de voix
t'entends pas tes propres pensées y a pas de son y a des couleurs
y a pas de voix
sur ta peau des coulées de boue
sous tes yeux des ombres mouvantes qui ouvrent des gueules immenses
des chats qui se déforment des chats morts qui reviennent
dans ton nez des spectres d'odeurs
dans tes veines du goudron et tu cherches le sang vrai
et toujours pas de voix
tu flottes au-dessus du corps et il agit sans toi
t'es dans la toile des bruits du monde
qui t'éparpillent
tu t'y morcelles et le corps tout en bas
continue
t'es pas loin mais la porte est fermée
mais est-ce que tu entends des voix
DES VOIX DES VOIX
EST-CE QUE VOUS ENTENDEZ DES VOIX???
~peut-on hurler si fort que les psy gardent nos voix en acouphènes~

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