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Alors que la direction du Parti communiste chinois, au pouvoir à Pékin, se réunit cette semaine pour décider de la politique des cinq prochaines années, une question parfaitement taboue en Chine anime la presse à l’étranger : qui pour succéder au président Xi Jinping ? “Absolument personne”, semble répondre l’intéressé.

C’est la question à 1 000 yuans qui, cette semaine à Pékin, est dans tous les esprits – mais que “personne n’osera soulever lors de cette réunion”, avertit The New York Times : “Combien de temps Xi Jinping gouvernera-t-il, et qui le remplacera après son départ ?”

Le moment devrait pourtant se prêter à ce type d’interrogation : depuis lundi 20 octobre, le comité central du Parti communiste chinois (PCC) se réunit à l’occasion d’un plénum, qui regroupe 205 membres élus pour cinq ans, ainsi que leurs suppléants. L’événement, qui se tient à huis clos, doit permettre d’avaliser le plan quinquennal qui décidera de la politique de la Chine jusqu’en 2030.

Or, rappelle le journal en ligne taïwanais Shang Pao, “le secrétaire général du PCC, Xi Jinping, aujourd’hui âgé de 72 ans, a régulièrement été mis en cause, ces dernières années, pour son état de santé précaire”. De fait, dans les rangs du parti émane une angoisse latente à propos d’“une vacance du pouvoir et [d’]un chaos certain si des circonstances imprévues devaient survenir sur la personne de Xi”.

Une question que se posait déjà The Wall Street Journal il y a deux ans, laissant entendre qu’il pourrait être “en train de former un successeur secret qu’il révélerait le moment venu”.

“Ce n’est pas qu’il ne veuille pas dévoiler son jeu, bien au contraire”, corrige le commentateur Yang Jianli dans Yibao (“le journal des débats”), un site d’information chinois dissident administré depuis les États-Unis : “Il a depuis longtemps joué cartes sur table : sa stratégie consiste précisément à ne pas nommer de successeur.”

“Au pouvoir depuis [près de] treize ans, Xi Jinping a bouleversé la structure des cadres du PCC, établie depuis l’ère Deng Xiaoping [à la fin des années 1970]”, rappelle Shang Pao. Il a notamment changé la Constitution en 2018 afin d’abolir la limite de deux mandats présidentiels, ce qui lui permet de rester indéfiniment en poste à la tête du parti, de l’État et de l’armée – devenant ainsi le dirigeant le plus puissant depuis Mao. Surtout, “il a non seulement écrasé ses principaux rivaux au sein du PCC, mais aussi sévèrement réprimé les élites de tous les secteurs de la société”, ajoute Yibao.

De fait, isolé au sommet de l’État-Parti chinois, Xi est “confronté à un dilemme que connaissent les autocrates au pouvoir depuis longtemps, ajoute le New York Times : nommer un successeur risque de créer un centre de pouvoir rival et d’affaiblir son emprise ; mais ne pas parvenir à un accord sur un futur leader pourrait compromettre son héritage et semer des divisions au sein de l’élite politique chinoise”.

Dans son entourage direct, les six autres membres du comité permanent du bureau politique du PCC sont des alliés de longue date. Mais ils sont âgés d’au moins 60 ans et “aucun d’entre eux n’est susceptible d’être considéré comme un héritier plausible”, assène Yang Jianli dans Yibao.

Alors, place aux jeunes ? “Un successeur doit posséder une expérience et une stature considérables, et doit être reconnu et accepté tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du parti”, rappelle Shang Pao.

Le journal taïwanais dresse à ce titre une liste de successeurs putatifs triés au sein des cadres nés dans les années 1960 et 1970, et mentionne notamment le cas de Chen Min’er, considéré comme “un proche confident de Xi” dont l’ascension était prévue durant le deuxième mandat du président chinois, après 2017. Peine perdue : il n’a jamais accédé au fameux comité permanent du bureau politique, Xi Jinping ayant “fait en sorte que d’autres proches prennent le dessus sur lui”.

Yang Jianli abonde dans Yibao : “L’une des principales raisons de l’exclusion de Chen était précisément son statut, perçu comme celui d’un potentiel héritier.” Et de conclure : “De toute évidence, Xi Jinping nourrit une profonde appréhension à l’égard de l’existence de successeurs et s’efforce activement d’empêcher leur émergence.”

Les observateurs se perdent en conjectures sur le nombre de mandats que se réserve le chef suprême, poursuit Shang Pao : “Certains affirment que si Xi Jinping accomplit deux mandats – soit dix ans de plus – après son [actuel] troisième mandat, il aura alors 84 ans et sera proche de transmettre le pouvoir.” Ce qui nous projette en… 2037 !

D’ici là, conclut le site taïwanais, “il est possible que le navire en difficulté [que constitue le PCC] ne résiste pas aux turbulences. Et qu’en partant, Xi Jinping emporte avec lui tout le régime chinois.”

Daniel Bastard

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